Ludwig van Beethoven (1770 - 1827)

Symphonie n°2

Cette deuxième symphonie a été composée en 1802, alors que le compositeur vivait une période de crise personnelle assez intense. La partition marque une transition entre l'inspiration classique de Mozart et Haydn - auprès de qui le compositeur avait suivi un apprentissage compliqué, et une écriture qui annonce l'innovation des œuvres futures. C'est ce que relève justement le spécialiste et biographe Maynard Solomon, c'est ce qu'on peut aisément entendre dès l'introduction dans le premier mouvement.

Cet équilibre demeure difficile à pleinement restituer et chaque version tend à mettre en avant soit la dimension classique, soit une approche romantique plus marquée. De nombreuses versions sont néanmoins très réussies, avec des tempos plus ou moins rapides dans les deux premiers mouvements, les deux derniers étant plus généralement joués très vifs. Outre les versions mentionnées ci-dessous, on pourra aussi écouter plus particulièrement Eugen Jochum avec la Philharmonie de Berlin en 1959 (Deutsche Grammophon), Joseph Keilberth avec l'orchestre de Bamberg (Warner/Teldec) ainsi qu'Herbert Blomstedt avec la Staatskapelle de Dresde en 1978 (Berlin Classics/Brilliant) .

 

 Christoph von Dohnanyi

 Cleveland Orchestra                                       1988

Au sein d'une intégrale réalisée par le chef à la fin des années 1980, cette deuxième symphonie, en particulier, apparaît toujours très réussie. L'adagio introductif est allant, la musique avance, sans perdre en densité ou en caractère dramatique. La suite du mouvement, allegro, est conduit avec ce même équilibre entre une ligne de chant rappelant l'écriture mozartienne, et des tensions et modulations typiques de Beethoven.

Le deuxième mouvement, larghetto, semble pris dans un tempo évident, par le naturel des articulation et la fluidité du flux musical. Il est coloré et très poétique, faisant songer à Mendelssohn. Le scherzo est animé, sans excès. Le finale est pris dans un tempo particulièrement vif. Il sonne haletant et enfiévré mais jamais précipité.

Une rare version traduisant parfaitement les différentes dimensions de l'écriture en pleine évolution du compositeur.

 

 Daniel Barenboim

 Staatskapelle Berlin                                       1999

Ici la deuxième symphonie est grande et regarde très nettement vers la 9e symphonie. Le chef parvient totalement à convaincre dans cette approche qui fait totalement sens. En effet, la direction est pleine de vie, les tempos ne sont en outre pas particulièrement lents. Mais les couleurs, les phrasés, les accents évoquent en effet les œuvres ultérieures. Le mouvement lent est superbe de couleurs et de jeu de timbres, de nuances. La texture sonore est évidemment assez profonde, avec des notes tenues aux cordes et des graves présents. Mais les articulations et la pulsation interne font évitent tout sentiment de lourdeur. Les deux derniers mouvements sont pleins de vie et de rebond.

Il n'y a pas un instant où l'attention diminue, la musique avance en permanence dans chacun des quatre mouvements. Une version majeure de la symphonie.

 

         Wilhelm Furtwängler

         Wiener Philharmoniker                                  1948

Inévitable dans Beethoven, le chef laisse aussi une version importante de cette symphonie. Il s'agit d'un enregistrement de concert réalisé au Royal Albert Hall à Londres. Il s'agit, sauf erreur, de la seule version disponible de cette symphonie par Furtwängler, contrairement à toutes les autres symphonies du compositeur.

Le chef attaque l'adagio introductif avec la puissance et l'ampleur caractéristique. Le premier mouvement y gagne une dimension tragique et une grande tension. Le deuxième mouvement est chantant et dans un tempo qui reste relativement allant. Le scherzo retrouve des accents marqués, dans un tempo modéré, en particulier dans sa section centrale, le trio sous-tendu par une atmosphère menaçante. Le mouvement final est traversé par cette ligne tragique fascinante.

La prise de son reste assez précaire et ne permet pas d'apprécier réellement la plus-value des timbres de l'orchestre. Cela n'empêche pour autant pas de profiter de la direction engagée et tragique du chef.

 

Symphonie n°3 "Héroïque"

Composée entre 1802 et 1804, cette symphonie a été créée en public à Vienne en 1805, après avoir été jouée en privé précédemment. Elle est d'une dimension inhabituelle par sa durée, même si elle respecte une structure classique en quatre mouvements. Son titre a été donnée par Beethoven lui-même qui garda une affectation particulière pour cette composition jusqu'à la fin de sa vie. Il avait initialement prévu de la dédier à Bonaparte mais le compositeur y renonça, outré que Bonaparte se fit sacré empereur. Il en fit dédicace au prince Franz Joseph von Lobkowitz, important mécène d'Haydn et de Beethoven. L'œuvre marque un tournant en ouvrant la voix aux grandes compositions symphoniques du 19e siècle et est considérée comme le point de départ de la période romantique  dans l'histoire de la musique. Le second mouvement, la marche funèbre, a rendu l'œuvre particulièrement célèbre car il a été choisi par divers chefs pour commémorer des disparitions d'hommes politiques majeurs ou pour des événements tragiques au 20e siècle. 

Le nombre d'enregistrement est très imposant, autour de 400 à 500 enregistrements répertoriés selon divers sites dédiés à l'œuvre ou au compositeur. Les références ne manquent donc pas, tels les différents témoignages de Toscanini, Furtwängler et Karajan, mais également les enregistrements d'Eugen Jochum, Joseph Keilberth, Erich Kleiber, Bruno Walter, Carlo Maria Giulini, Günter Wand, Nikolaus Harnoncourt ou encore Daniel Barenboïm.  

 

 Wilhelm Furtwängler

 Wiener Philharmoniker                                  1952

Parmi les 11 témoignages qui ont été publiés de Furtwängler dans cette symphonie, chacun pourra trouver l'une ou l'autre la meilleure, notamment celle effectuée en décembre 1944 avec le même orchestre. On ira cependant volontiers vers cette gravure officielle de novembre 1952 pour EMI, publiée par Warner aujourd'hui. Les tempos sont larges dans l'ensemble, au service d'une vision cosmique. Les cordes graves sont très présentes, les attaques puissantes, les vents ont une sonorité chaude et soyeuse mais avec une intensité saisissante dans les thèmes. On est vraiment pris par cette interprétation titanesque, grandiose et unique. 

 

 Herbert von Karajan

 Berliner Philharmoniker                                 1977

Dans sa troisième intégrale des symphonies de Beethoven, Karajan offre une direction extraordinaire de cette symphonie. Les tempos sont très rapides sans que cela ne donne à aucun moment un sentiment de précipitation, contrairement à d'autres enregistrements plus récents qui prennent pour principal parti pris de respecter strictement les tempos annotés par le compositeur. Ce choix, en fait largement discutable, ressort d'ailleurs plus de l'exécution que de l'interprétation. Or, Karajan a ici recours à ces tempos pour créer une tension haletante permanente. Et dans le même temps, les solistes parviennent à chanter leurs thèmes avec rondeur et souplesse. L'orchestre, ultra virtuose et d'une qualité de son phénoménale, répond pleinement à l'urgence et la fièvre voulues par son directeur musical tout au long des quatre mouvements, avec une totale perfection technique et musicale.

 

 Claudio Abbado

 Berliner Philharmoniker                                  2001

Enregistrée live à Rome, lors d'une tournée, cette version bénéficie d'un orchestre toujours somptueux et virtuose, ainsi que d'une belle prise de son. Abbado choisit également des tempos alertes et une texture sonore un peu allégée qui témoignent d'une certaine influence des interprétations historiquement informées. Pour autant la texture sonore reste celle de la Philharmonie de Berlin, puissante avec une richesse des timbres et un poids des cordes graves indéniables. Le discours musical avance comme un flux incessant naturel, les phrases s'enchaînent avec évidence pour offrir une œuvre lumineuse, même dans le deuxième mouvement. L'équilibre entre les pupitres permet de tout entendre, chaque détail, sans jamais perdre le sens du chant et de la construction de l'œuvre. Les enchaînements et les fins de phrases sont extraordinairement dosés et traités avec une fluidité magnifique. 

Une version très différente de celles de Furtwängler ou Karajan mais d'une beauté inégalée et portée par une vision solaire.

 

 

Symphonie n°4

Cette symphonie, créée en 1807 dans le palais du prince von Lobkowitz, est écrite par Beethoven en 1806, la même année que le concerto pour violon et les quatuors Razoumovsky. Pourtant cette partition est restée longtemps en retrait par rapport aux symphonies 3 et 5. Son ton apparaît plus léger et sa forme plus classique. Schumann et Berlioz appréciaient certes l'œuvre mais le public et les chefs s'y sont moins intéressés qu'aux autres œuvres du compositeur qui l'entourent. Sous-estimée, la partition est cependant riche de couleurs, de thèmes inspirés ou encore d'une longue introduction lente et mystérieuse qui annonce déjà la première symphonie de Mahler. 

Pour rendre justice à cette symphonie, il faut trouver le ton juste entre un classicisme réducteur et une vision plus monumentale qui obère la vitalité de son écriture.

Peu de chefs ont finalement trouvé un juste équilibre pour une symphonie malheureusement surtout donnée et enregistrée dans le seul cadre d'intégrales. 

 

 Carlos Kleiber

 Orchestre de la radio bavaroise                                   1982

Le seul chef qui s'est véritablement emparé de cette partition pour en donner la version idéale est incontestablement Carlos Kleiber. Il reste deux témoignages, un concert exceptionnel filmé à Amsterdam, ainsi qu' un concert donné avec l'orchestre de la radio bavaroise et publié en disque par Orfeo. Le chef a autorisé cette publication, considérant que ce concert "était une journée de bonheur". Le bonheur, la vivacité et l'animation dont parle le chef en évoquant ce concert se retrouvent en effet à chaque instant. Il fait en effet constamment jaillir un sentiment de bonheur communicatif et stimulant. Comme toujours, rien n'est laissé au hasard pour obtenir un résultat d'un naturel incroyable. Ainsi le rythme introductif des seconds violons est conduit avec un mouvement, une rondeur et une souplesse uniques pour lancer le thème lyrique aux premiers violons. Chaque partie, chaque enchaînement, chaque phrasé est un émerveillement, le tout reposant sur un mouvement continu et jubilatoire, à l'image du finale virtuose, totalement enthousiasmant et étourdissant.

Ce concert du 3 mai 1982 à Munich est l'un des incontournables de toute la discographie des symphonies de Beethoven et fait de cette symphonie une œuvre majeure du compositeur.

 

         Herbert Blomstedt

         Staatskapelle de Dresde                                                 1979

Le chef américain propose une très belle interprétation de cette symphonie. Les tempos sont moins effrénés que chez Carlos Kleiber, mais il insuffle malgré tout une vie à chaque mouvement et il n'y a jamais de sentiment de lourdeur ou de baisse de tension. L'introduction est jouée avec un poids sur chaque note qui lui confère une densité évoquant les grandes symphonies tragiques du compositeur. Le reste du premier mouvement est enthousiasmant et empli d'une grande énergie. Le thème principal du deuxième mouvement est très poétique et intense grâce encore au poids donné au son et aux notes. Les deux derniers mouvements bénéficient aussi d'une grande vitalité, avec un son profond et sombre. Cette version bénéficie en outre de la superbe Staatskapelle de Dresde, plus rare que Vienne ou Berlin dans la discographie de l'oeuvre. 

 

         Claudio Abbado

         Berliner Philharmoniker                                                 2001

Abbado retient, comme Kleiber et quelques autres, des tempos allants. Le jeu sur les couleurs et des rythmes est superbe, avec un orchestre somptueux. Sans atteindre la même jubilation  que chez Carlos Kleiber, on trouve ici une grande luminosité et une fougue enthousiasmante. Le chef sait ainsi donner le juste ton à cette partition, entre l'influence du classicisme et l'annonce des grandes symphonies romantiques, celles de Mendelssohn en particulier. Une grande réussite qui bénéficie des timbres riches et magnifiques de l'orchestre.

 

Symphonie n°5

La plus célèbre symphonie du compositeur a été créée à Vienne en 1808 lors d'un concert qui fut un énorme échec dû à un concert mal organisé et très mal préparé selon les témoins de l'époque. Le thème initial est devenu ultra-célèbre et la légende, diffusée par les premiers biographes (en particulier Anton Schindler) du compositeur au 19e siècle, veut que Beethoven l'aurait intitulé "ainsi frappe le destin à la porte". Même si cette formule est probablement apocryphe, elle marque encore aujourd'hui par sa justesse. Après l'échec de la première à Vienne, les autres créations dans les différentes villes européennes au cours des années suivantes rencontrèrent immédiatement d'immenses succès, contribuant à la célébrité de l'œuvre et du compositeur de son vivant.

 

Le succès de l'œuvre n'étant jamais retombé, les enregistrements se sont également multiplié, assurant à l'œuvre sans doute une discographie particulièrement abondante, avec un peu plus de 200 versions. Les plus grands chefs ont ainsi laissé un ou plusieurs témoignages, enrichis de live, différents et passionnants. Parmi les derniers en date, on peut citer en priorité celui de Mariss Jansons, raffiné et d'une finition orchestrale époustouflante avec son orchestre de la radio bavaroise, ou celui de Riccardo Chailly avec le Gewandhaus de Leipzig, intéressante avec des tempos ultra-rapides, sinon précipités, qui se veulent authentiques.

Parmi les grands chefs historiques, Arturo Toscanini, Erich Kleiber, Karl Böhm, Ferenc Fricsay, Eugen Jochum, Antal Dorati, Carlo Maria Giulini ou Igor Markevitch ont laissé des gravures exceptionnelles. Mais plus encore que tous les autres, quatre chefs ont réalisé des interprétations et enregistrements absolument incontournables et devenus, pour certains, à juste titre légendaires : Wilhelm Furtwängler, Herbert von Karajan, Günter Wand et Carlos Kleiber. Pour une version dite historiquement informée, on ira plus prioritairement vers le dernier enregistrement réalisé par Nikolaus Harnoncourt en 2015 avec le Concentus musicus de Vienne.

 

 Wilhelm Furtwängler

 Berliner Philharmoniker                                 1943

Il existe 12 versions de cette symphonie par le chef parmi lesquelles l'enregistrement effectué en studio avec la Philharmonie de Vienne qui reste une référence. C'est le concert donné en 1943 qui est proposé ici, dont la bande radio avait été emmenée par les soviétiques avant d'être restituée à la radio berlinoise en 1987 et ensuite publiée en CD par Deutsche Grammophon. Ce concert est traversé par une puissance et une tension tragique extrêmes qui font de cette version un monument.

 

 Herbert von Karajan

 Berliner Philharmoniker                                 1962

Karajan entame la symphonie avait beaucoup d'impact, les cordes démontrent une énergie et une forte tension dès les premiers accords, avec un tempo plutôt vif renforçant le sentiment d'urgence qui prédomine. Les pupitres sont très bien équilibrés, les rapports entre cordes, bois et cuivres parfaits. Le second mouvement garde son caractère d'andante mais sans renoncer à une certaine solennité et tension sourde mais présente. Les deux allegro suivants s'enchaînent avec la même énergie galvanisante avec un rythme soutenu et un orchestre au son dense mais jamais lourd. 

Une version aux rapports parfaits entre la tension, la richesse des couleurs et un rythme haletant. La prise de son est très belle, restituant bien les dynamiques et sonorités de l'orchestre, malgré un léger souffle. 

 

 Carlos Kleiber

 Wiener Philharmoniker                                   1974

Dès les premières notes, une énergie extraordinaire se dégage de cette interprétation. Le premier mouvement est haletant, électrisant, avec une évidence dans le choix des tempos. Dans le deuxième mouvement, andante, le chef fait chanter et respirer l'orchestre pour mieux faire ressortir l'ambivalence de la partition, entre lumière et tension sombre. On retrouve cette énergie à l'impact saisissant dans les deux derniers mouvements. La Philharmonie de Vienne, virtuose, déploie toute la richesse de ses timbres pour servir au plus près la vision du chef. Comme à son habitude, la direction de Carlos Kleiber est un subtil mélange de sentiment de liberté, de fluidité, de tension et d'une précision totale à chaque mesure. 

L'impact de cette interprétation sur l'auditeur est exceptionnel.

 

 Günter Wand

 NDR Sinfonieorchester                                    1987

La version de Günter Wand sonne très équilibrée de bout en bout, sans effets appuyés mais toujours en mouvement. Les articulations et choix de tempo, le rapport entre les pupitres, un son riche et coloré avec des cordes graves qui donnent une assise et de la profondeur, sont des caractéristiques constantes de cette interprétation. Le chef propose globalement une vision assez radieuse de la symphonie, il laisse chanter l'orchestre dans les grandes phrases mélodiques du second mouvement avec un sentiment optimistes et fait bien ressortir un sentiment jubilatoire dans le finale. Günter Wand, sans retirer la densité et la puissance de l'écriture et sans chercher à se rapprocher de sonorités et articulations dites historiquement informées, replace néanmoins l'œuvre dans une perspective classique et solaire. 

 

Symphonie n°6

Cette symphonie a été créée à Vienne à la fin de l'année 1808, en même temps que la 5e symphonie et d'autres œuvres du compositeur, lors d'un concert assez catastrophique. Elle ne rencontra pas davantage de succès au cours des concerts qui suivirent en Allemagne, les contemporains du compositeur ne comprenant pas tout à fait l'œuvre et la trouvant notamment un peu longue.

La symphonie faisait une paire avec la 5e, tout en étant d'une écriture très différente. Il s'agit d'une symphonie à programme, évoquant la nature et les paysages champêtre, avec des titres correspondants pour chacun des 5 mouvements. Si le titre "Pastorale", donné par Beethoven lui-même, semble renvoyer à une tradition de la période baroque et classique, son écriture rappelle finalement davantage Schubert et s'inscrit totalement dans l'esprit qui prévaut dans la romantisme allemand qu'on trouve aussi dans la littérature. C'est pourquoi les interprétations qui tendent vers le style fin 18e siècle ou baroque, tendent probablement à contredire le mouvement artistique dans lequel l'œuvre s'inscrit lors de sa composition. 

La discographie de la symphonie est importante et continue de s'enrichir au gré des dernières intégrales publiées, en particulier celle de Barenboim, superbement classique et puissante, celle de Chailly, toujours avec un parti-pris de tempos ultra-rapides censés être authentiques, ou celle de Jansons avec la radio bavaroise, toujours très raffinée et plébiscitée par la critique musicale. La publication officielle de bandes radio a également permis de bénéficier de visions de grands chefs qui n'ont pas laissé d'enregistrement en studio, en particulier Carlos Kleiber. La bande son n'est malheureusement pas de très bonne qualité et ne permet pas vraiment d'apprécier le travail du chef.

Aussi, on pourra toujours revenir à deux très grands enregistrements légendaires, avec Furtwängler et Karajan, mais également à deux versions moins célèbres mais très réussies des chefs hongrois Reiner et Dorati.

 

 Wilhelm Furtwängler

 Wiener Philharmoniker                                   1952

Il y a 7 versions de la symphonie par ce chef qui ont été publiées. Son enregistrement studio effectué en 1952 avec l'orchestre de Vienne est un monument inimitable et passionnant. Avec des tempos retenus, sauf dans le dernier mouvement très vif, il offre une interprétation profonde et teintée d'une forme de nostalgie faisant penser à Schubert. On dépasse la simple reproduction d'un tableau champêtre dans laquelle restent la plupart des interprétations pour nous emmener dans un univers fantastique et fascinant à la ETA Hoffmann.

L'importance des cordes graves dès le début du premier mouvement, typique des couleurs recherchées par Furtwängler, contribue à la création de cet univers. Mais il apporte bien davantage en couleurs et avec une poésie extraordinaire, aidé par une philharmonie de Vienne  à son sommet en terme de timbres.

Enfin la scène de l'orage dépasse là aussi la description plus ou moins théâtrale qu'on trouve généralement. C'est quasiment une tornade, tout au moins un orage romantique, le seul réellement terrifiant de la discographie.

 

 Herbert von Karajan

 Berliner Philharmoniker                                 1962

Parmi les différentes gravures en studio réalisées par le chef, celle-ci , issue de son intégrale réalisée en 1962, conserve tout au long des différents tableaux une vie et un équilibre entre dynamique et fluidité le plus réussi. Les tempos semblent relever de l'évidence pour chaque mouvement et dans le rapport entre eux et pour une parfaite construction de la symphonie. Rien ne semble jamais ni trop lent ni précipité mais parfaitement dosé. Les bois ressortent vraiment bien, comme rarement avec les autres chefs, et assurent bien les couleurs champêtres et douces annoncées par les titres des mouvements. Ce sont donc le savant équilibre entre articulation et legato, le choix et le rapport des tempos et l'alliage des timbres d'un orchestre sublime qui font de cet enregistrement un modèle intemporel pour l'interprétation de cette symphonie.

Si les autres enregistrements du chef sont également passionnants, c'est vraiment dans celui-ci qu'il trouve en permanence une sorte d'équilibre précaire et savant vraiment unique.

 

         Fritz Reiner

         Chicago Symphony Orchestra                        1961

Le chef hongrois propose, à la tête de la phalange américaine qu'il a dirigé pendant une dizaine d'années, une vision assez lente, douce et très poétique, avec beaucoup de fluidité dans les deux premiers mouvements en particulier. Le travail sur les couleurs est fin, faisant bien ressortir les bois et différentes lignes de chant, sans perdre la vision d'ensemble, grâce à beaucoup de legato dans l'enchaînement des pupitres et des thèmes. Pour autant il réalise cela sans lourdeur et la musique avance à l'image du ruisseau qu'est censée dépeindre la musique. Il n'y a donc aucun sentiment d'ennui, ce qui aurait pu vite se créer avec des tempos aussi retenus.

 

         Antal Dorati

         London Symphony Orchestra                        1962

La direction relativement âpre et originale de Dorati offre une interprétation mettant en avant un côté rustique et dansant convenant particulièrement bien à cette symphonie. Les lignes s'alternent habilement entre fluidité et accents rugueux mais sans excès. L'orchestre est coloré et allant, malgré quelques faiblesses passagères d'intonation dans les premiers violons. Le 3e mouvement est pris à un tempo très vif qui s'intègre bien dans la vision d'ensemble, et propose une véritable danse paysanne robuste et enlevée, illustrant comme peu de versions le titre donné à ce tableau.

 

Symphonie n°7

Créée à Vienne en 1813, cette 7e symphonie y a rencontré un grand succès, confirmé au cours des représentations des mois et années suivantes en Allemagne. La création se fit dans un contexte d'enthousiasme des autrichiens et de Beethoven lui-même lié aux défaites napoléoniennes. Cette œuvre venait en outre conforter la reconnaissance et célébrité du compositeur de son vivant.

La discographie est riche, comme pour toutes les grandes symphonies impaires du compositeur. Elle est également riche de versions très réussies, la profusion des rythmes ou du grand chant de l'allegretto pouvant suffire en eux-mêmes à susciter l'enthousiasme, sans nécessiter de trouver un dosage plus difficile comme pour les symphonies au numéro pair.

L'œuvre doit en outre particulièrement inspirer les chefs d'orchestre. Outre les 4 enregistrements proposés ici, les très grandes versions ne manquent pas : Karajan avec Berlin (en 1962 voire 77), Erich Kleiber avec Amsterdam, Dorati avec le LSO, Reiner avec Chicago, Böhm et Berlin en 1958, Fricsay et Berlin, Toscanini à Londres ou avec le NBC, plus récemment Barenboïm avec la Staatskapelle de Berlin et même Chailly avec Leipzig dont cela constitue l'un des meilleurs volets de son intégrale.

 

 Wilhelm Furtwängler

 Berliner Philharmoniker                                    1943

Une nouvelle fois Furtwängler, à Berlin en plein guerre, présente une vision d'un dramatisme extrême et unique. L'attaque initiale annonce le cataclysme que la désolation terrifiante et bouleversante du second mouvement prolonge. La puissance dramatique insufflée par le chef sur le deuxième mouvement est totalement sidérante et en fait sans doute le point d'intensité extrême de la symphonie. Les deux derniers mouvements sont emportés eux aussi par une force terrifiante qu'aucun autre chef n'a jamais restitué ainsi.

Un témoignage légendaire que personne n'a jamais approché, malgré toutes les autres propositions aussi passionnantes soient-elles qui ont été faites depuis. 

Il s'agit d'un enregistrement radio réalisé pendant la guerre, la qualité reste donc précaire malgré le travail effectué lors de la publication en dique par Deutsche Grammophon. Il existe quelques autres live mais on pourra également se tourner vers l'enregistrement studio effectué avec l'orchestre philharmonique de Vienne en 1950.

 

 Joseph Keilberth

 Orchestre de la radio bavaroise                       1967

Keilberth a enregistré cette symphonie en 1961 avec la Philharmonie de Berlin. Mais il laisse plus encore un témoignage en concert, le 5 mai 1967 à Munich, vraiment exceptionnel. Ce concert est publié par Orfeo en lien avec la Radio bavaroise. Sa vision est puissante et traduit une grande tension à chaque mouvement, y compris dans un troisième mouvement ici particuièrement intense. Le son de l'orchestre est profond avec une forte assise des cordes graves mais le chef assure un équilibre sur l'ensemble des pupitres et met bien en valeur les couleurs chaudes des bois et des cors en particulier. Les tempos sont dans l'ensemble assez large mais la vision d'ensemble du chef, la force des attaques des cordes, le travail sur les nuances, l'engagement d'un superbe timbalier, l'intensité des crescendo, la profondeur des contrebasses emportent l'enthousiasme.

 

 Carlos Kleiber

 Wiener Philharmoniker                                      1976

Une fois n'est pas coutume, on dispose de trois témoignages de Carlos Kleiber dans cette 7e symphonie. Il existe un live publié par Orfeo où le chef dirige l'orchestre de la radio bavaroise (concert du 7 novembre 1983), une video d'un concert également de 1983 donné avec le Concertgebow d'Amsterdam (publié par Philips puis Decca) et l'enregistrement réalisé en studio avec la Philharmonie de Vienne.   Chaque version du chef mérite d'être entendue et même vue pour le concert à Amsterdam où la gestuelle du chef emmène également le spectateur dans une jubilation communicative. 

L'intensité de la version enregistrée en fait une référence indémodable. Les instrumentistes font chanter leurs instruments avec des sonorités splendides, la tension est constamment présente, chaque détail, chaque silence, chaque enchaînement est pensé et digéré pour devenir une évidence et participer de la vision d'ensemble du chef. Kleiber porte une vision toute en énergie, enflammée et en même temps toujours très lyrique, traduisant avec un équilibre exceptionnel la confrontation beethovénienne du tragique et de la lumière. Le deuxième mouvement, allegretto, en est l'illustration la plus exceptionnelle, entre le premier thème tendu et douloureux, et le second thème à la clarinette, totalement solaire. L'inspiration exceptionnelle du chef emmène l'orchestre  avec une énergie et une liberté de ton captivantes.

 

 Mariss Jansons

 Orchestre de la radio bavaroise                       2012

Il s'agit d'un enregistrement en concert réalisé à Tokyo lors d'une tournée en 2012 et publié en disque par la radio bavaroise dans une très belle édition et prise de son. 

La direction de Jansons privilégie une certaine transparence dans la texture sonore mais aussi la luminosité et la générosité. Cela se retrouve dans des tempos qui semblent naturels et justes, sans précipitation. L'articulation et les phrasés permettent de maintenir un sentiment de mouvement continu sans que les tempos soient jamais bousculés. Le chef déploie une vision à la fois caractérisée par une grande élégance mais aussi de la vie et de l'émotion, une richesse des couleurs et timbres. Le mouvement lent n'est ainsi pas appuyé ni allégé selon une vision historisante, mais trouve un chemin entre deux porteur de retenue et d'émotion. Le finale bénéficie d'une impulsion interne constante alliée à nouveau à une générosité du son et du ton qui s'en dégage. 

 

Symphonie n°8

Composée en 1812, lors d'un séjour en Bohème, cette œuvre fut créée en 1814 lors d'un concert où fut également jouée la 7e symphonie. La comparaison entre les deux symphonies joua en défaveur de la 8e qui ne connut alors pas un grand succès. Cette nouvelle symphonie est d'une écriture et atmosphère assez différente, renouant plutôt avec les œuvres classiques, dans la continuité de celles d'Haydn. Et l'ouvrage eut du mal à s'imposer, même dans les villes allemandes les plus favorables à Beethoven au cours du 19e siècle. Encore aujourd'hui elle figure moins naturellement dans les programmes de concert en dehors des intégrales.

Son exécution s'avère d'ailleurs peu évidente, avec un style qui oscille entre le classicisme et la maturité beethovenienne. De ce fait les réussites ne sont pas forcément aussi nombreuses que pour les autres symphonies. La discographie comporte néanmoins quelques grandes interprétations, outre celles équilibrés et vives de Karajan dans ses différentes intégrales.

 

  Ferenc Fricsay

  Orchestre philharmonique de Berlin          1953

Le chef hongrois restitue de façon extraordinaire le tumulte des premier et dernier mouvements. Des attaques tranchantes aux cordes, l'enchevêtrement incessant des thèmes et contre-chant, une pulsation soutenue, caractérisent en effet tout particulièrement cette superbe interprétation. Le chef joue sur une assise forte des cordes graves mais donne un son relativement clair aux autres cordes et  aux bois, avec des accents nets voire tranchants. Cela donne un sentiment de tourbillon avec une force violente qui emporte l'auditeur dans une narration haletante. Dans les deux mouvements intermédiaires, l'allegretto et le tempo di minuetto, le caractère rustique prédomine, délaissant tout esprit galant qu'on peu trouver parfois chez Haydn. Tout cela est parfaitement dosé, entre l'assise rythmique qui parcours le 2e mouvement ou les lignes décidées du 3e mouvement en particulier, avec des bois fruités très présents et qui permettent de conserver le caractère de danse festive, mais encore une fois plutôt rustique.

Une interprétation captivante du grand chef hongrois. La prise de son est ancienne et met un peu l'orchestre à distance de l'auditeur, avec en outre une réverbération un peu trop présente.

 

 Daniel Barenboim

 Berliner Staatskapelle                                      1999

Au sein de l'intégrale enregistrée par Barenboïm à la toute fin des années 90 avec la Staatskapelle de Berlin, déjà exceptionnelle, la 8e symphonie en est l'un des plus beaux volets. Le chef ne dirige pas cette symphonie comme une allusion au classicisme perdu, mais la traite comme les autres grandes œuvres du compositeur, avec un engagement fort. La symphonie retrouve ainsi une intensité réelle. Le chef joue sur les rythmes, la profondeur du son de l'orchestre, des percussions puissantes. Mais il garde des articulations marquées, évite un legato trop important des cordes et retient des tempos assez enlevés, sauf peut-être dans le premier mouvement. Tout cela permet d'assoir une direction puissante, énergique et sans excès de lourdeur. Et cela en fait une interprétation passionnante.

 

 Mariss Jansons

 Orchestre de la radio bavaroise                     2012

On retrouve dans cette symphonie l'élégance de la direction de Mariss Jansons. Il s'agit d'une prise live réalisée à Tokyo en 2012, lors d'une tournée de l'orchestre et publiée dans l'intégrale des symphonies par le chef avec son orchestre. Tout est parfaitement et subtilement dosé dans les rapports entre les pupitres et dans l'enchaînement des phrases. Le ton d'ensemble est assez lumineux, dans un style  assez classique mais qui restitue un discours musical très fluide et allant, qui emporte l'enthousiasme.

 

Symphonie n°9

L'ultime symphonie du compositeur fut créée à Vienne en 1824. Elle y rencontra un grand succès auprès du public, lors de cette création et au cours des années qui suivirent. En revanche la construction hors norme du finale suscita l'incompréhension de la part de nombreux musiciens, de Ludwig Spohr, contemporain de Beethoven, à Stravinsky. 

Ce finale qui, avec son hymne à la joie sur des vers de Schiller, restera pourtant comme l'une des compositions les plus célèbres de l'histoire de la musique jusqu'à la reprise pour l'hymne européen. Il est déterminant dans l'évolution de l'écriture musicale. Wagner l'a dès 1846 parfaitement analysé dans ses écrits. Ce dernier relève de façon très juste que l'introduction du chant dans la musique pure assure la parfaite intelligibilité du programme sur lequel repose l'œuvre. Beethoven crée donc une rupture avec le principe d'une séparation nette entre musique instrumentale pure et musique vocale ou théâtrale, s'avérant une nouvelle fois un précurseur incroyable. Ce rapprochement sera repris et prolongé par Gustav Mahler puis régulièrement dans des compositions du 20e siècle.

 

Devenue, avec la 5e, la symphonie la plus célèbre du compositeur, elle est très régulièrement enregistrée et bénéficie donc d'une très large discographie, aux multiples réussites. Deux chefs d'orchestre marquent sans doute tout particulièrement  cette discographie, non seulement parce qu'ils ont gravé à plusieurs reprises l'œuvre, mais plus encore parce qu'ils laissent des interprétations vraiment décisives : Furtwängler et Karajan.

Mais si les chefs allemands sont nombreux dans la discographie, les chefs italiens ont pu aussi laisser de grandes versions, tout particulièrement Arturo Toscanini, Carlo Maria Giulini ou encore Claudio Abbado.

Au sein de ce vaste choix d'interprétations, on peut tenter d'en retenir les plus représentatives de certains chefs et qui sont d'une qualité musicale extraordinaire.

 

 Wilhelm Furtwängler

 Berliner Philharmoniker                                                        1942

Parmi la bonne douzaine de témoignages du chef dans cette symphonie, entre 1937 et 1954, celle-ci est sans doute la plus incroyable. La plupart des autres versions sont certes passionnantes, notamment les deux célèbres effectuées à Bayreuth en 1951 et 1954. Mais à Berlin en 1942, en pleine guerre, le chef offre une vision totalement cataclysmique. Les accents sont d'une puissance écrasante, le timbalier est déchaîné et la tension est à son paroxysme. Le chef donne un poids à chaque note qui saisit le spectateur à tous les instants. Il ose des variations de tempo, des accelerandos ou ralentis extrêmes tout à fait caractéristiques du chef, mais plus encore que dans les dernières années de sa vie. Et puis il y a cette interprétation du 3e mouvement adagio, au tempo extrêmement retenu, qui dégage une force émotionnelle énorme et qui emmène l'auditeur totalement en suspension hors du temps. Les bois et notamment les clarinettes sont  d'ailleurs bouleversants à chacune de leurs interventions. Le dernier mouvement retrouve une première partie titanesque jusqu'au point d'orgue inouï de la fin de l'exposition de l'hymne à la joie, comme une explosion de lumière divine.

Avec cette version immense et toute en démesure, Furtwängler laisse l'une des interprétations les extraordinaires de toute l'œuvre beethovenienne.

 

 Herbert von Karajan

 Berliner Philharmoniker                                                              1962

Karajan a gravé une intégrale des symphonies de Beethoven à chaque décennie, la première avec le Philharmonia orchestra, les trois suivantes avec la Philharmonie de Berlin. Cette 9e figure donc dans cette intégrale du début des années 1960. L'orchestre de Berlin est d'une extraordinaire densité sonore avec des cordes graves toujours très marquées, mais une tension très différente de celle recherchée quelques années auparavant par Furtwängler son précédent chef titulaire. Karajan libère une grande énergie haletante avec des tempos plutôt soutenus et des rythmes serrés pour les notes courtes, des accents et articulations assez marquées. L'adagio, avec un tempo pas trop lent et un alliage merveilleux des timbres, est superbement lumineux et aérien.

Un enregistrement d'une magnifique énergie permanente, exempte de toute tentation pour ce narcissisme sonore qu'on a pu reprocher au chef dans certains de ses enregistrements ultérieurs.

 

 Karl Böhm

 Orchestre philharmonique de Vienne                                   1980

Kar Böhm réalise en novembre 1980, moins d'un an avant de disparaître, son troisième enregistrement studio de cette symphonie. Chacune est importante et considérée, tour à tour par les uns ou les autres, comme une référence au sein de l'abondante discographie de l'œuvre. Dans ce dernier enregistrement, assez différent des précédents, Böhm adopte des tempos retenus pour chacun des mouvements, au service d'une vision d'une très grande hauteur de vue. Le son, les phrasés sont en effet aussi amples que les tempos, pour une interprétation puissante et cosmique particulièrement captivante.

Une interprétation grandiose marquée par le sentiment d'être emporté ici hors du monde et hors du temps.

 

 Claudio Abbado

 Berliner Philharmoniker                                                           1996

Cet enregistrement a été effectué au festival de Pâques de Salzbourg en 1996, publié par Sony et n'est pas issu de l'une des intégrales laissées par le chef italien. Ici la direction d'Abbado trouve un équilibre parfait entre l'énergie, la tension et la lumière qui irradie  tout le long son interprétation. Les tempos sont assez vifs, notamment dans l'adagio qui, loin d'en pâtir, trouve ici une dimension  lyrique et radieuse et regarde sans équivoque vers le caractère d'un andante. Le FInale et son célèbre hymne sont le point d'orgue de cette conception et le sentiment d'allégresse est restitué ici avec une incroyable évidence,  tel un feu d'artifice sonore, notamment par le rebond des articulations et  les couleurs claires données à l'orchestre. Les tout derniers accords sonnent d'ailleurs avec une fluidité et une légèreté fabuleuses.

Une version au caractère solaire et enthousiaste, menée toute en finesse et splendeur grâce à la direction d'une grande élégance d'Abbado et aux immenses qualités de l'orchestre.