Richard Wagner (1813 - 1883)

 Le vaisseau fantôme

Parmi les enregistrements moins anciens que les trois proposés ici, celui dirigé par Sinopoli avec Bernd Weikl et Cheryl Studer est peut-être le plus satisfaisant. Celui dirigé par Barenboïm aurait été excellent si le rôle de Senta n'était pas tenu par Jane Eaglen, vraiment difficile à écouter et dont la prononciation pâteuse est assez inintelligible. Les versions plus récemment publiées, dirigées par Marek Janowski et Andris Nelsons, sont intéressantes pour l'orchestre, avec de belles sopranos dans Senta et un excellent Albert Dohmen dans le rôle du hollandais chez Janowski, mais surtout pour les ténors, respectivement Robert Dean Smith et Christopher Ventris dans Erik, tous deux vraiment magnifiques. 

 

Astrid Varnay, Hermann Uhde, Wolfgang Windgassen, Ludwig Weber

H.Knappertsbusch - Bayreuther Festspiele   1955

Avec Hans Knappertsbusch nous avons une vision qui dépasse toute idée d'appartenance de l'ouvrage à un style. Sa direction est totalement démesurée et explosive, ce qui laisse l'auditeur totalement sidéré par une telle puissance. On a l'impression que l'orchestre vient d'outre-tombe et emporte tout vers un final céleste, telle l'explosion volcanique. Et les chanteurs sont exactement dans cette dimension. Hermann Uhde est totalement fascinant et s'impose comme un hollandais venu d'ailleurs, hors du temps, par la puissance de son chant et un timbre sombre particulier. De même Astrid Varnay est d'une dimension hors norme dans le rôle de Senta. Pourtant son intelligence dans l'interprétation et le déploiement de sa voix immense sans jamais forcer, est finalement à la totale mesure du chef et du hollandais. Windgassen rend son personnage, souvent fade, passionnant et qui pourrait ici presque prétendre rivaliser avec le hollandais. Enfin Ludwig Weber réussit à suggérer tous les vices possibles de son personnage sans jamais tomber dans la caricature. Il est également vocalement impressionnant. Un live de Bayreuth totalement renversant et indispensable.

 

Astrid Varnay, Hans Hotter, Set Svanholm, Sven Nilsson

F. Reiner - Metropolitan Opera, New York   1950

Autre témoignage mythique, le live de New York est une retransmission radio du 30 décembre 1950 et il bénéficie également d'un couple exceptionnel. Astrid Varnay est déjà une Senta hors du temps et du monde. Hans Hotter est imposant, dramatique, tourmenté et lui aussi comme venu d'un autre monde,  à l'instar de Uhde à Bayreuth. C'est vraiment dans cet enregistrement qu'il faut écouter Hans Hotter dans ce rôle, où on prend bien mieux toute la mesure de sa  forte présence vocale et dramatique. Le reste de la distribution est également excellent, mais surtout l'ensemble est porté par Reiner qui dirige l'opéra avec force et une très grande tension. Seul le chœur du Met n'est pas sur les mêmes sommets.

 

Leonie Rysanek, George London, Karl Liebl, Giorgio Tozzi

A.Dorati - Royal Opera House, Covent Garden   1960

Leonie Rysanek et George London ont marqué l'opéra lors du festival de Bayreuth en 1959 où ils sont totalement hallucinés et hallucinants. Mais l'enregistrement studio dirigé par Antal Dorati permet de les entendre dans de meilleures conditions sonores et ces deux chanteurs conservent l'essentiel de leur charisme dans ce studio. Là aussi la voix profonde et spécifique de George London lui confère une présence aussi forte que celles de Hans Hotter ou Hermann Uhde. Dans le rôle de Senta, Leonie Rysanek est absolument époustouflante vocalement avec sa voix sublime et des aigus électrisants. sa forte personnalité fait qu'elle est comme une tornade qui entraine autant le hollandais vers l'au-delà qu'elle ne le suit. Le reste de la distribution est très bon, notamment l'Erik de Karl Liebl, assez lyrique et disposant d'un beau timbre. Enfin la direction de Dorati est vive et tendue, sans lourdeur, mais également avec des tempi savamment dosés, laissant le grand duo du 2e acte se déployer hors du temps.

 

 

 

Tannhäuser

Cet ouvrage est particulièrement difficile à réussir, notamment parce que le rôle titre est assez délicat à chanter, nécessitant de l'endurance, de la vaillance, de la puissance mais également une voix encore souple. La conception du chef, confronté aux différentes versions réalisées par Wagner pour Dresde, Paris ou Vienne, peut s'avérer plus problématique que pour Lohengrin. L'équilibre entre le courant romantique dans lequel il s'inscrit et une force dramatique qui annonce nettement Tristan, est une difficulté que tous les chefs ne surmontent pas toujours parfaitement.

Ici deux versions enregistrées à Bayreuth sont proposées parce qu'elles sont superlatives. Quelques enregistrements en studio ont été effectués de façon plus ou moins satisfaisante. Les versions enregistrées par Konwischny (Grümmer, Fischer-Dieskau, Hopf), Solti (Kollo, Dernesch, Braun) et Sinopoli (Domingo, Studer, Schmidt) sont peut-être les mieux réussies. Mais il y manque l'intensité des live de Bayreuth et surtout des chœurs aussi impressionnants (malgré W.Pitz dirigeant le chœur avec Solti).

 

Ramon Vinay, Gré Brouwenstijn, Dietrich Fischer-Dieskau, Josef Greindl, Herta Wilfert

J.Keilberth - Bayreuther Festpiele    1954

Représentation historique marquant le retour de l'œuvre après la réouverture du festival de Bayreuth en 1951.

La direction de Joseph Keilberth est puissante et trouve un équilibre entre l'esprit romantique - propre à Weber et aux précédents ouvrages de Wagner, et une vision davantage tournée vers les grands ouvrages qui suivront. Dans le rôle titre Ramon Vinay présente un personnage sombre et déchiré, rappelant un peu celui de Tristan qu'il interprétait les années précédentes. Si la voix paraît un peu tendue dans le 2e acte, il est impressionnant le reste du temps, en particulier avec un monologue du 3e acte particulièrement investi et déchirant. A ses côtés, Brouwenstijn est une Elisabeth solaire, sa voix est d'une immense beauté et son incarnation est extrêmement émouvante. Son air du 3e acte est un modèle dans la conduite de la ligne vocale au service d'une ferveur d'une grande force dramatique. Et ce live permet d'entendre l'un des plus grands Wolfram de la discographie à son sommet, D.Fischer-Dieskau. La romance de l'étoile au 3e acte est en totale apesanteur, avec des piani incroyables et une attention à chaque mot idéale. L'orchestre le soutient parfaitement dans cette approche d'une subtilité et d'une émotion uniques. Chacune de ses interventions est d'ailleurs aussi fabuleuse. Dans le rôle plus modeste de Walter, le ténor Josef Traxel est sur le même registre, avec un chant d'un raffinement total, une véritable leçon de chant.

Seule la Venus de Wilfert dénote un peu avec un style vieilli et une voix moins marquante. Enfin les chœurs dirigés par Pitz sont déjà d'une ampleur magnifique même si l'enregistrement de Sawallisch permet de l'apprécier encore davantage.

 

Wolfgang Windgassen, Anja Silja, Eberhard Waechter, Josef Greindl, 

Grace Bumbry

W.Sawallisch - Bayreuther Festpiele    1962

Cette version, devenue un grand classique, est une grande réussite pour une série de raisons. Tout d'abord parce que la prise de son, bien que de 1962, reste, comme pour le Lohengrin de la même année vraiment excellente. Elle permet d'apprécier pleinement l'acoustique si spécifique de Bayreuth ainsi que le chœur exceptionnel dirigé alors par W.Pitz, ce qui compte particulièrement dans cette œuvre. Ensuite, la direction de Sawallisch est totalement enthousiasmante, réintroduisant par ailleurs le ballet composé pour Paris.  Enfin, la distribution, certes pas exempte de défauts au plan vocal, comporte le Tannhäuser unique de Windgassen. Il sait à la fois faire face aux difficultés du rôle avec aisance, ce qui est malgré tout assez rare, mais il affiche aussi une vraie souplesse dans la ligne vocale et une caractérisation à la fois nuancée et parfaitement engagée, notamment dans le monologue du 3eme acte. La Venus de Grace Bumbry est idéale, avec un timbre chaud et rond, la sensualité fortement incarnée dans son chant, néanmoins jamais vulgaire. L’Elisabeth d'Anja Silja, avec son timbre métallique peut ne pas plaire, mais son engagement emporte malgré tout l'adhésion.

C'est globalement une version à la fois équilibrée dans sa conception et enlevée, grâce au chef, portée par une distribution et un chœur assez exceptionnels.

 

 

 

Lohengrin

Birgit Nilsson, Wolfgang Windgassen, Herman Uhde, Astrid Varnay,

Theo Adam, Dietrich Fischer-Dieskau

E.Jochum - Bayreuther Festpiele    1954

Leonie Rysanek, Sandor Konya, Ernest Blanc, Astrid Varnay,

Kieth Engen, Eberhard Waechter

A.Cluytens - Bayreuther Festspiele  1958

      Anja Silja, Jess Thomas, Ramon Vinay, Astrid Varnay, Franz Crass,

      Tom Krause

      W.Sawallisch - Bayreuther Festspiele  1962

     Annette Dasch, Klaus Florian Vogt, Susanne Resmark, Gerd Grochowski,

     Günther Groissböck, Markus Brück

     M.Janowski - Rundfunkchor & Sinfonieorchester Berlin   2011

L'Or du Rhin

Hans Hotter, Georgine von Milinkovic, Rudolf Lustig, Gustav Neidlinger, Josef Greindl, Ludwig Weber

J.Keilberth - Bayreuther Festspiele                                    1955

       Ferdinand Frantz, Elisabeth Höngen, Joachim Sattler, Alois Pernerstorfer,        Ludwig Weber, Albert Emmerich

       W.Furtwängler - Teatro alla Scala di Milano                     1950

       George London, Kirsten Flagstad, Set Svanholm, Gustav Neidlinger,        

       Walter Kreppel, Kurt Böhme

       G.Solti - Wiener Philharmoniker                                         1958

       John Tomlinson, Linda Finnie, Graham Clark, Günter von Kannen,

       Matthias Hölle, Philip Kang

       D.Barenboim - Bayreuther Festspiele                                1991

La Walkyrie

Cet opéra bénéficie d'une abondante discographie, avec près de 200 versions live et studios. Outre les enregistrements proposés ici, il en existe de nombreux autres excellents, comme ceux de G.Solti, H. von Karajan, J.Keilberth ou C.Krauss à Bayreuth. On peut citer particulièrement ceux de Böhm à Bayreuth ou de Thielemann à Vienne (plutôt que son enregistrement à Bayreuth) pour leur couple Sieglinde et Siegmund à écouter absolument : James King et Leonie Rysanek avec Böhm, Waltraud Meier et Christopher Ventris avec Thielemann, superbes et d'un engagement théâtral extraordinaire.

 

Astrid Varnay, Birgit Nilsson, Hans Hotter, Ramon Vinay,

Georgine von Milinkovic, Josef Greindl

H.Knappertsbusch - Bayreuther Festspiele                 1957

Les live provenant des retransmissions radio du festival de Bayreuth des années 1950 ne manquent pas. Sauf pour l'année 1951 où seul le 3e acte sous la direction de Karajan a finalement été publié officiellement, un live existe pour chaque année de représentation du Ring, voire deux pour les années 1953 et 1955 .

Tous ces enregistrements sont passionnants, avec divers chefs qui sont tous des références (Clemens Krauss, Josef Keilberth et Hans Knappertsbusch) et avec des distributions mémorables. Mais de tous, c'est le live de 1957 qui est peut-être le plus exceptionnel encore.

La direction absolument épique et captivante de Knappertsbusch est inoubliable. Il réussit à donner une tension continue et un poids grandiose à l'orchestre tout en prenant des tempos assez retenus, conforme à sa réputation. Aucun autre chef ne réussit à donner cette puissance à l'orchestre dans cet opéra comme ce chef y parvient ce soir là.

La distribution exceptionnelle est à son sommet. Hans Hotter est d'une grandeur unique dans Wotan, avec une grande autorité vocale, un timbre chaud et digne du dieu qu'il incarne. Astrid Varnay, peut-être la plus grande Brünnhilde à ce jour, allie une puissance vocale à l'émotion permanente. Birigit Nilsson incarne avec une flamme qu'on lui connaît peu Sieglinde et se révèle passionnante au delà de son aisance et de sa puissance vocale. Enfin Ramon Vinay, avec un timbre très sombre, est lui aussi exceptionnel d'intensité dramatique et dans un rôle qui lui va particulièrement bien sur le plan de la tessiture.

Peut-être la version la plus exceptionnelle de la discographie de l'opéra  !

 

Birgit Nilsson, Gré Brouwenstijn, George London, Jon Vickers, Rita Gorr,

David Ward

E.Leinsdorf - London Symphony Orchestra                1964

Il s'agit d'un superbe enregistrement studio, bénéficiant d'une belle prise de son, bien qu'un peu trop réverbérée par moments. D'abord il permet d'entendre l'un des plus grands Wotan du 20e siècle, le baryton-basse américain George London. Avec une voix splendide et profonde, il incarne parfaitement Wotan, avec une aisance vocale exceptionnelle sur toute la tessiture du rôle. Birgit Nilsson, très grande Brünnhilde qu'on retrouve dans plusieurs enregistrements, est sidérante de facilité pour ce rôle si difficile, mais également plus chaleureuse que dans d'autres de ses témoignages. Jon Vickers et Gré Brouwenstijn sont particulièrement enthousiasmants dans le couple Sieglinde/Siegmund. On les retrouve ici plus convaincants encore que dans les live de Bayreuth quelques années plus tôt.

Le chef effectue ici l'un de ses plus beaux enregistrements d'opéra. Sa direction est emportée, le prélude est pris à un tempo très vif, mais fait également preuve d'un grand lyrisme. Sa vision semble nettement tendre vers Richard Strauss, par le lyrisme appuyé de certaines phrases mais aussi les couleurs qu'il donne à l'orchestre, chatoyantes, rutilantes. Sa direction est beaucoup plus intéressante que celles de certains chefs devenus plus célèbres.

Une version magnifique, à découvrir absolument.

 

Helen Traubel, Astrid Varnay, Friedrich Schorr, Lauritz Melchior,

Kerstin Thorborg, Alexander Kipnis

E.Leinsdorf - Metropolitan Opera New York                 1941

Ici, la distribution est mythique. En premier lieu il y a le Siegmund historique et unique de Lauritz Melchior. Au-delà de ses fameux Wälse tenus sans fin du premier acte ou de sa voix de stentor qui laisse toujours sidéré, son incarnation est exceptionnelle par la diction du texte et le sens des nuances. Helen Traubel est une très belle Brünnhilde, alliant un beau timbre, un grand volume et un réel investissement vocal. Astrid Varnay faisait ici ses débuts au Met et elle est déjà passionnante dans Sieglinde, avant de devenir une immense Brünnhilde assez rapidement. Thorborg et Kipnis sont tout aussi légendaires et impressionnants que Melchior. Friedrich Schorr a été le grand Wotan avant Hans Hotter. Il reste ici une autorité et présence saisissants, en revanche la voix peine dans les aigus, dont certains sont totalement faux. Cela compte pourtant finalement peu au regard de sa présence et au sein d'une distribution époustouflante.

Leinsdorf dirige parfois avec précipitation mais sait ménager des moments plus lyriques. C'est dans l'enregistrement en 1964 avec le London Symphony Orchestra qu'on peut réellement apprécier la qualité de sa direction.

La prise de son est précaire, l'orchestre est très présent, malgré des voix d'une puissance hors norme. D'autres live avec Melchior ont été publiés et sont également incroyables. Celui-ci de 1941, malgré l'absence de Kirsten Flagstad, elle aussi légendaire, dispose de la distribution la plus extraordinaire.

 

     Martha Mödl, Leonie Rysanek, Ferdinand Frantz, Ludwig Suthaus,

     Margarete Klose, Gottlob Frick

     W.Furtwängler - Wiener Philharmoniker                        1954

Il s'agit de l'ultime enregistrement de Furtwängler, quelques semaines avant son décès en 1954. En écoutant le prologue du 2e acte et l'art avec lequel le chef fait monter la tension, on perçoit la force de cette direction. A l'inverse, l'émotion du duo entre Siegmund et Brünnhilde au 2e acte est très grande grâce à la direction fluide et un certain allégement de l'orchestre. On a ici une très grande interprétation même si la prise de son un peu vieillie ne la met totalement en valeur.

La distribution est là aussi unique. Leonie Rysanek, qu'on retrouve à Bayreuth en 1958 avec Knappertsbusch puis en 1966 avec Boehm, est juvénile et enflammée. Elle est totalement bouleversante et servie par un timbre d'une exceptionnelle beauté. Le Siegmund de Ludwig Suthaus est très bon, avec un beau timbre de heldentenor, avec quelque chose de désespéré, dans la même veine que Ramon Vinay. La Fricka de Margarete Klose est restée mythique, disposant elle aussi d'un très beau timbre et d'une autorité alliée à une grande noblesse. La Brünnhilde de Martha Mödl est en parfaite adéquation avec la vision du chef. Elle est humaine, son timbre sombre et captivant lui confère naturellement une profondeur et une fragilité psychologique saisissantes. Cette incarnation est du coup passionnante et offre une vraie alternative aux Brünnhilde plus "guerrières".

Ferdinand Frantz chante très bien son rôle, même si son timbre fait surtout tendre le personnage du côté du père bienveillant et meurtri, au détriment de l'autorité que Wotan tente de conserver tout au long de l'œuvre.

 

     Anne Evans, Nadine Secunde, John Tomlinson, Poul Elming, Linda Finnie

     Matthias Hölle

     D.Barenboim - Bayreuther Festspiele                                                 1992

Tirée de l'intégrale du Ring enregistrée lors de répétitions au festival de Bayreuth en 1992, cette Walkyrie est la plus belle occasion de l'écouter avec une superbe qualité de son. La version vidéo permet également de voir l'extraordinaire et spectaculaire mise en scène d'Harry Kupfer, la plus passionnante depuis celle de Patrice Chéreau 15 ans plus tôt à Bayreuth.

La direction de Barenboïm est puissante, enflammée et colorée. On peut ici apprécier sa vision, rappelant assez celle de Keilberth, avec l'acoustique particulière du Festspielhaus à Bayreuth. Ici, on apprécie à nouveau pleinement la force de la célèbre chevauchée des Walkyries. Cet enregistrement est également marqué par la présence de la basse britannique John Tomlinson qui a triomphé à Bayreuth dans ce rôle pendant une décennie, dans deux cycles successifs. Outre ses grandes qualités d'acteur, dont on peut se rendre compte dans la version video, le chanteur alliait une profondeur du timbre à une puissance vocale impressionnante. Il offre une incarnation très fouillée et totalement en phase avec le metteur en scène. Son monologue du 2e acte est captivant et son entrée au 3e acte est totalement foudroyante. On perçoit sa force et sa grandeur divine, une violence non contenue, mais aussi les signes du déclin puis une grande tendresse au 3e acte. C'est sans doute le grand Wotan de la fin du 20e siècle, le plus marquant depuis Hans Hotter et George London, même si sa notoriété a été moindre en France. En revanche il s'est imposé en Grande Bretagne et surtout en Allemagne dans ses grands rôles wagnériens.

A ses côtés la Brünnhilde d'Anne Evans est d'un format vocal plus modeste qui passerait moins facilement hors de l'acoustique favorable de Bayreuth. Cependant son incarnation est particulièrement émouvante et on est convaincu par son chant soigné et son incarnation empreinte d'humanité. au-delà de quelques fragilités vocales. Le Siegmund du danois Poul Elming (le Siegmund et le Parsifal des années 90), la Sieglinde de Nadine Secunde et la Fricka de Linda Finnie sont tout à fait convaincants, faisant preuve d'un bel engagement vocal et dramatique.

 

 

 

Siegfried

Cet opéra est sans doute le plus difficile à réussir au sein de la Tétralogie, notamment parce qu'il repose plus que les autres sur un rôle éponyme, central et éprouvant pour un chanteur, et parce que son écriture musicale est moins évidente, des longueurs pouvant s'installer si le chef et le protagoniste ne soutiennent la tension dramatique sur les 3 actes. Enfin, peu de ténors viennent à bout du rôle, d'abord sur le plan vocal, mais également sur celui de la caractérisation dramatique.

 

Wolfgang Windgassen, Astrid Varnay, Hans Hotter, Paul Kuen, Gustav Neidlinger, Maria von Ilosvay

J.Keilberth - Bayreuther Festspiele                                                        1955

Cet enregistrement live, effectué initialement pour Decca qui ne l'a jamais publié, est le plus extraordinaire des témoignages issus du festival de Bayreuth des années 50. On y entend les grands interprètes de l'époque à leur sommet dans une qualité sonore extraordinaire. La direction de Keilberth, qui a dirigé le Ring de 1953 à 1955, est puissante et enlevée. Elle était considérée à l'époque comme latine, par comparaison  avec celle de Knappertsbusch, qualification sans doute abusive mais qui démontre que sa vision était en rupture avec une certaine tradition allemande. Sa direction est certes plus allante, mais elle repose sur une pâte sonore profonde, avec des cordes graves et des timbales présentes et il s'en dégage une force et une grandeur prenantes.

La distribution es absolument exceptionnelle. Windgassen a été le grand Siegfried des années 50 et 60, avec une voix lumineuse, mais toujours teintée d'une certaine fragilité, et surtout avec un engagement constant. Il donne de la consistance à son personnage difficile à la fois vocalement et sur le plan dramatique. Il fait preuve en outre d'une aisance vocale exceptionnelle du début à la fin d'un rôle éprouvant. A ses côtés Astrid Varnay offre la plus belle incarnation de Brünnhilde dans cet ouvrage. Ses phrases sont superbement menées, alternant douceur et puissance sonore avec une grande facilité. Comme elle porte une attention importante au texte, on est conquis par son interprétation. Le long duo du 3e acte est donc captivant de bout en bout, sans aucune longueur grâce à ce couple exceptionnel.

Le reste de la distribution est au même niveau légendaire, avec en particulier Hans Hotter en grande forme dans le rôle du voyageur.

 

Siegfried Jerusalem, Anne Evans, John Tomlinson, Graham Clark, Günter von Kannen, Birgitta Svenden

D.Barenboim - Bayreuther Festspiele                                                   1992

Jérusalem offre dans cet enregistrement une incarnation époustouflante d'un rôle particulièrement exigeant et difficile, sinon ingrat, tant vocalement que sur le plan dramatique. Au plan vocal il alterne la puissance vocale et des phrases finement nuancées comme personne ne le fait au sein de la discographie. Il maintient une ligne vocale parfaitement maîtrisée dans toutes les scènes, tant celles héroïques du premier acte que celles plus lyriques du murmure de la forêt ou le duo du 3e acte. Sur le plan dramatique il propose un personnage très nuancé et non pas un simple naïf. Il y a donc une certaine modernité dans cette interprétation qui montre un personnage plus subtil et en pleine évolution au fil des actes.

La Brünnhilde d'Anne Evans est d'un format vocal relativement modeste par rapport à l'écriture musicale, mais elle confère une humanité à son personnage tout à fait passionnante et en parfaite adéquation avec son partenaire. Le voyageur de Tomlinson est également d'une puissance vocale impressionnante mais le chanteur fait aussi passer les faiblesses de son personnage au 3 acte. Graham Clark a été un Mime mémorable dans les années 1990 et 2000 et son interprétation est dans la grande tradition des ténors de caractère, à la forte implication dramatique. Le reste des rôles est parfaitement distribué avec une très belle Erda en particulier.

La direction de Barenboïm alterne des moments de poésie et de grande puissance, tel le prologue du 3e acte assez impressionnant. L'orchestre est superbe et la prise de son rend totalement justice à l’acoustique de la salle et le son profond de l'orchestre.

 

        Lauritz Melchior, Kirsten Flagstad, Friedrich Schorr, Karl Laufkötter, 

        Eduard Habich, Kerstin Thorborg

        A.Bodanzky - Metropolitan opera, New York                                     1937

Ce live témoigne des moments légendaires du Met où Melchior et Flagstad interprétaient Wagner. Il faut entendre le plus impressionnant ténor wagnérien à ce jour, dans le rôle écrasant de Siegfried. Avec Melchior le rôle semble d'une facilité déconcertante. Ses aptitudes vocales inhumaines et son timbre sombre barytonnant offrent un Siegfried vraiment très impressionnant. C'est également le cas de Flagstad dans Brünnhilde et leur duo du 3e acte est en cela historique. Friedrich Schorr, autre légende, est surtout imposant comme voyageur dans le 1er acte, il peine davantage au 3e acte qui nécessite de la puissance vocale et des aigus qu'il a un peu perdus. Thorborg est très impressionnante sinon légendaire dans Erda, avec un superbe timbre sombre, une ampleur et une ligne vocale qui confèrent de la hauteur à son rôle.

La direction est efficace mais la prise de son, malgré la restauration excellente réalisée officiellement en lien avec le Metropolitan Opera, ne permet pas d'apprécier la réalité de la qualité de l'orchestre. De même les chanteurs sont plus ou moins présents, probablement selon leur place sur la scène de l'ancienne salle du Met.

Un document qui nous emporte dans la légende.

 

 

Le crépuscule des dieux

Astrid Varnay, Bernd Alenhoff, Ludwig Weber, Hermann Uhde,

Elisabeth Höngen, Heinrich Pfanzl, Martha Mödl

H.Knappertsbusch - Bayreuther Festspiele                                         1951

Cet enregistrement n'aurait pas dû voir le jour puisqu'il a été effectué par les équipes de Decca et Teldec de façon officieuse, alors que cela n'était pas prévu et que ces équipes étaient présentes uniquement pour enregistrer Parsifal lors de cette réouverture du Festival de Bayreuth en 1951. La publication de ces prises exceptionnelles sera finalement autorisée de nombreuses années plus tard, une fois les enjeux de droits d'exclusivité devenus obsolètes entre les firmes EMI et Decca, alors en concurrence sur le Ring de la réouverture. Il s'agit ici d'un document inestimable qui permet d'entendre la direction grandiose de Knappertsbusch à Bayreuth dans de très bonnes conditions sonores. D'autre bandes radios du Crépuscule des Dieux par le chef, passionnants, sont également disponibles (Ring de 1956, 57 et 58). Mais la qualité de la prise de son est ici à la hauteur de sa vision du chef. Il est une nouvelle fois le seul à savoir allier une direction relativement lente, monumentale avec une tension permanente, qui ne retombe jamais. La distribution est celle du Bayreuth légendaire des années 50. Astrid Varnay est une Brünnhilde extraordinaire, avec une voix somptueuse, une aisance vocale du début à la fin d'un rôle écrasant et une force dramatique saisissante. Son monologue final est un très grand moment.  A ses côtés le ténor Bernd Alenhoff est également très à l'aise dans son rôle, avec une réelle puissance vocale et dramatique. Ludwig Weber propose un Hagen sombre, Hermann Uhde est magnifique dans le rôle de Gunther, Martha Mödl donne un relief rare à celui de Gutrune, Elisabeth Höngen est captivante dans le monologue de Waltraute et Heinrich Pfanzl inquiétant dans Alberich.

De nombreuses autres versions de l'opéra issues du festival de Bayreuth lors des premières années de réouverture ont été publiées, toutes excellentes, sans toutefois bénéficier des mêmes conditions d'enregistrement (excepté en 1955 avec le chef Joseph Keilberth et publié par Testament).

 

Birgit Nilsson, Wolfgang Windgassen, Josef Greindl, Thomas Stewart, Martha Mödl, Gustav Neidlinger, Ludmila Dvorakova

K.Böhm - Bayreuther Festspiele                                                             1967

Dernier volet du Ring enregistré en 1966 et 1967 sous la direction de Karl Boehm. Ce Ring était alors le premier à avoir été enregistré officiellement à Bayreuth. Il bénéficie d'une direction engagée, avec des tempos  relative vifs et une texture orchestrale privilégiant une optique claire. Cela confère une intensité dramatique immédiate avec un discours musical qui va sans cesse de l'avant. Cette vision se retrouve dans le Crépuscule des dieux à l'instar des autres ouvrages, au sein d'une conception globale unitaire et avec un impact direct sur l'auditeur. La distribution est dominée par deux immenses titulaire de leurs rôles, Wolfgang Windgassen en Siegfried et Birgit Nilsson en Brünnhilde. Ils maîtrisent ces rôles éprouvants après les avoir chanté depuis plusieurs saisons à Bayreuth et ailleurs dans le monde, tant vocalement que pour l'incarnation dramatique. De même Josef Greindl dans Hagen et Gustav Neidlinger ont marqué à jamais ces rôles. Les affrontements du deuxième acte, lors de la scène dite des serments, entre Brünnhilde et Siegfried sont d'une intensité particulière. Après avoir été Gutrune puis Brünnhilde lors des saisons antérieures, Martha Mödl incarne Waltraute, après l'intensité dramatique qui la caractérise et encore accrue par certaines certaines fêlures vocales. Thomas Stewart est un Gunther somptueux.

La qualité de la prise de son permet d'apprécier pleinement l'atmosphère de Bayreuth et de l'exceptionnelle distribution réunie alors.

 

        Eva Marton, Siegfried Jérusalem, John Tomlinson,

        Thomas Hampson, Marjana Lipovsek, Theo Adam, Eva-Maria Bundschuh

        B.Haitink - Chœur et orchestre de la radio bavaroise                      1991

L'enregistrement de Bernard Haitink s'inscrit dans une intégrale du Ring assez réussie, réalisée au tout début des années 90. Il a rassemblé une excellente distribution, en particulier pour ce Crépuscule des Dieux. Tout d'abord on peut ici entendre le grand Siegfried qu'était Siegfried Jérusalem. Il incarne un personnage vocalement impressionnant et engagé, avec un timbre qui donne de la profondeur à son rôle. Il laisse vraiment ici un témoignage essentiel et captivant. La Brünnhilde d'Eva Marton est également imposante vocalement et assez engagée. Le reste de la distribution est excellent, en particulier le Hagen de John Tomlinson, à cette époque un immense Wotan à Bayreuth. Il dispose d'une noirceur et d'une puissance saisissantes.

La direction de Bernard Haitink est vraiment très réussie, à la tête de l'orchestre de la radio bavaroise magnifique. Il crée un climat parfaitement tendu et sombre, réussit les grands moments orchestraux (Voyage de Siegfried sur le Rhin, Mort de Siegfried) et assure un souffle épique sur l'ensemble des trois actes.

Tristan et Isolde

Kirsten Flagstadt, Lauritz Melchior, Karin Branzell, Julius Huehn,

Emmanuel List

A.Bodanzky - Metropolitan Opera, New York                                      1938

Martha Mödl, Ramon Vinay, Ira Malaniuk, Hans Hotter, Ludwig Weber

H. von Karajan - Bayreuther Festspiele                                                  1952

Astrid Varnay, Ramon Vinay, Ira Malaniuk, Gustav Neidlinger, Ludwig Weber

E.Jochum - Bayreuther Festspiele                                                            1953

Birgit Nilsson, Wolfgang Windgassen, Christa Ludwig, Eberhard Wächter, Martti Talvela

K.Böhm - Bayreuther Festspiele                                                              1966

Waltraud Meier, Siegfried Jerusalem, Marjana Lipovsek, Falk Struckmann, Matti Salminen

D.Barenboim - Berliner Philharmoniker                                               1994

Les maîtres chanteurs de Nuremberg

Robert Holl, Peter Seiffert, Emily Magee, Andreas Schmidt, Endrik Wottrich

D.Barenboim - Chœur et orchestre du festival de Bayreuth                    1999

Dietrich Fischer-Dieskau, Placido Domingo, Catarina Ligendza, Roland Hermann, Horst R.Laubenthal

E.Jochum - Chœur et orchestre de la Deutsche Oper, Berlin                      1976

       Ferdinand Frantz, Benno Kusche, Rudolf Schock, Elisabeth Grümmer,  

       Gerhard Unger

       R.Kempe - Chœur Cathédrale Ste Hedwige & Berliner Philharmoniker   1956

Parsifal

Pour cette ultime œuvre monumentale de Wagner, il y a quelques éléments d'interprétations incontournables.

Tout d'abord les témoignages du festival de Bayreuth, avec son acoustique si spécifique, offrent la qualité des chœurs uniques par leur homogénéité et leur ampleur. Cela est vraiment essentiel dans la réalisation de l'opéra et la réussite des scènes du graal.

Il y a aussi les incarnations légendaires de trois interprètes qui marqueront définitivement le rôle de Kundry, rôle essentiel même s'il est concentré sur le 2e acte : Martha Mödl, Léonie Rysanek et Waltraud Meier.

Enfin le chef Hans Knappertsbusch, qui a dirigé l'opéra de 1951 à 1964 à Bayreuth, excepté en 1953, marque aussi à jamais de son empreinte l'interprétation de l'œuvre.

On trouve largement tous les live de Bayreuth avec Knappertsbusch et aussi de Mödl. En revanche cela s'avère moins simple pour Rysanek et Meier. Pour Waltraud Meier, il existe un live de Bayreuth en 1983 dirigé par James Levine, mais son incarnation, déjà excellente, n'est pas encore totalement aboutie, de même que le studio dirigé par Goodall. L'enregistrement dirigé par Barenboïm, plus que celui de Thielemann à Vienne, la montre à son sommet, mais un peu moins survoltée que sur scène. C'est donc plutôt dans la version video, enregistrée à Berlin en 1992, dirigé par Barenboïm très inspiré et avec Tomlinson, Elming et Struckmann, qu'on pourra la voir et l'entendre totalement séductrice, inspirée puis déchaînée.

Pour Rysanek, aucune bande radio ne semble disponible pour le moment, si ce n'est un live transcendant à Vienne en 1979, dirigé par Horst Stein et avec Jérusalem et Ridderbusch. Ce live n'est toutefois, sauf erreur, pas directement disponible en Europe.

Pour la direction historique et de référence de Knappertsbusch, il y a donc divers live à Bayreuth parmi lesquels on peut faire son choix entre 1951 et 1964. Car, chaque année permet d'entendre une interprétation qui change, au sein d'un style globalement typique de ce chef. Mais sa direction n'est pas immuable d'année en année et n'est pas sacralisée comme on pourrait le résumer trop rapidement a posteriori. Cela fait partie de l'approche artistique du chef, comme des grands chefs en général, de recréer son interprétation à l'infini, selon l'inspiration du moment. Cette inspiration peut d'ailleurs parfois être moindre et décevoir. Chacun pourra donc trouver l'interprétation de Knappertsbusch qui l'enthousiasme le plus parmi la dizaine de versions issues du festival de Bayreuth. Mais aucune ne laissera indifférent. Certains chefs prendront délibérément le contrepied de ses visions, tel Boulez, ou s'inscriront dans cette pseudo tradition, tel Thielemann, de façon assez convaincante pour ces deux exemples.

 

Trois enregistrements demeurent au fil du temps les piliers de la discographie de cet opéra, même si bien d'autres comportent des  réussites (Barenboïm, Boulez, Jochum, Karajan, Kubelik, Levine ...).

 

Wolfgang Windgassen, Martha Mödl, Ludwig Weber, George London, Hermann Uhde

H.Knappertsbusch - Bayreuther Festspiele                                   1951

Il s'agit de l'enregistrement effectué l'année de la réouverture du festival après la guerre et qui marquait une rupture artsitique sous l'égide des petits-enfants du compositeur. Ce Parsifal a constitué un événement à tous points de vue. D'abord le chef a imprimé sa vision grandiose et captivante de l'opéra entre 1951 et 1964. Ici sa direction est d'une intensité constante au fil des trois actes, exceptionnelle et qui happe l'auditeur. L'orchestre est coloré, rayonnant avec des assises graves importantes. La distribution constitue une référence insurpassable. Martha Mödl, avec son timbre rauque unique, restitue idéalement la dualité du rôle de son personnage, Kundry, à la fois sorcière et séductrice. Elle fait preuve en cette année d'une grande facilité vocale sur toute la tessiture et d'un engagement total, elle est absolument survoltée et fascinante dans le deuxième acte. Elle n'a guère à ce jour été égalée que par Waltraud Meier. Le grand ténor Wolfgang Windgassen est un magnifique Parsifal qui traduit parfaitement l'évolution de son personnage entre chaque acte. George London incarne un Amfortas déchiré et prenant, avec sa splendide voix sombre et puissante. Le rôle écrasant de Gurnemanz est chanté avec une grande noblesse et une endurance exceptionnelle par la basse Ludwig Weber qui sait donner un poids particulier à chacun de ses grands monologues.

L'enregistrement a été effectué par Telefunken lors de la représentation du 22 août 1951. Il s'agit bien d'un live mais avec une qualité de la prise de son extraordinaire, restituant idéalement les timbres des voix, de l'orchestre et du choeur, dans un parfait équilibre. La qualité exceptionnelle du choeur participe également de façon majeure à la réussite totale de cette version.

Il s'agit de l'un des principaux témoignages qui ont fait la légende du Nouveau Bayreuth et cet enregistrement demeure une référence absolue au fil des ans.

 

Jess Thomas, Irene Dalis, Hans Hotter, George London, Gustav Neidlinger

H.Knappertsbusch - Bayreuther Festspiele                                   1962

      René Kollo, Christa Ludwig, Gottlob Frick, Dietrich Fischer-Dieskau,

      Zoltan Kelemen

      G.Solti - Wiener Staatsopernchor & Philharmoniker                    1972